L'archipel du Chien (Philippe Claudel)

note: 5Une bien noire parabole Chantal - 20 novembre 2018

Mi-roman, mi-fable, une très noire parabole sur le cynisme et la veulerie ordinaires, l’indifférence à l’autre et l’apathie morale sur toile de fond de la tragédie contemporaine des migrations en Méditerranée.
Un roman, somme toute, très moralisateur : des hommes, guidés par leur égoïsme, ont parmi eux une « âme pure » désignée comme bouc émissaire de l’histoire. La politique est sale, elle n’est pas « la morale ». Certains hommes assument de se salir les mains pour que d’autres puissent rester propres. Il faut des deux pour gérer une société. Ainsi un Maire, en assumant la garde de sa communauté, a un rôle qui peut l’amener dans la boue, allant jusqu’à sacrifier un innocent, même si au final, personne n’oserait lui en être reconnaissant. Lui devra alors vivre avec le souvenir de ses actes et se résigner à endosser l’habit d’un exécuteur de basses œuvres pour le bien de tous.
Philippe Claudel nous dit que l’expérience et le bon sens enseignent que les frontières entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, n’existent pas. La plupart des hommes ne soupçonnent pas la part sombre qui est en eux. Tout au long du livre, l’écrivain est constant dans la colère juste contenue qui l’anime et qui est le carburant de tous ses romans. Il nous livre, avec une très belle écriture et des descriptions hyperréalistes, une fable dérangeante qui parle de salauds ordinaires.